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     Le Gaumont-Palace est un cinéma parisien aujourd'hui disparu, qui se trouvait au 1, rue Caulaincourt (18e
    arrondissement). À sa place se dressent maintenant un hôtel Mercure et un magasin Castorama.

    Le bâtiment, construit de 1898 à 1900 en tant qu'hippodrome de Montmartre, prend en 1911 le nom de
    Gaumont-Palace. Il est entièrement rénové en 1931, et détruit en 1973, peu après sa fermeture. Avant sa
    modernisation, son immense salle pouvait accueillir à son maximum 6 000 spectateurs, ce qui en fit un temps « le
    plus grand cinéma du monde » selon ses promoteurs.

     

    Gaumont Palace Paris

     

     Histoire

    Genèse

    Le bâtiment d'origine naît avec l'hippodrome de Montmartre inauguré le 13 mai 1900. Il s'étend entre le
    boulevard de Clichy, la rue Caulaincourt et la rue Forest. Construit sous la direction des architectes Cambon,
    Galeron et Duray et derrière une façade de style belle-époque, il peut recevoir 7 000 spectateurs dont 5 000
    assis, pour des exhibitions de cirque, de football, de pantomime et même de combat naval, sous un immense
    chapiteau métallique. Par ailleurs, Édouard-Jean Niermans y aménage le « Grand Restaurant », dans le même style Art nouveau tendance rococo, dont il décore le Moulin Rouge.

    L'hippodrome accueille, dès 1907 des démonstrations cinématographiques sous l'égide des compagnies Halls puis Royal Bio ; mais, dix ans après l'incendie du Bazar de la Charité, (129 victimes) dû à l'embrasement de la lanterne de projection fixée provisoirement dans ses locaux, le projecteur de ce qui allait devenir le tout nouveau Gaumont- Palace est installé dans une cabine isolée, située au fond de la scène, à l'extérieur du bâtiment, sur le terrain du cimetière du Nord. Les copies 35 mm de cette époque sont très inflammables et leur combustion produit des vapeurs toxiques. L'image doit donc être projetée par derrière (les films muets peuvent être inversés
    droite/gauche dans le couloir de projection, les photogrammes emplissant entièrement l'espace entre les deux rangées de perforations), les spectateurs les regardent à travers l'écran. Cela est un avantage, car à l'époque aucune source lumineuse n'aurait été assez puissante pour projeter convenablement une image animée provenant d'une lanterne installée à l'autre extrémité. En effet la salle aux dimensions exceptionnelles mesure 40 mètres de mur à mur dans sa partie la plus large sur 70 de profondeur et 24 de haut.

     

    Gaumont Palace 1911

     

     Le Gaumont-Palace

    L'ensemble est acheté par Léon Gaumont qui tout en continuant les projections y installe le siège de la S.E.G.
    (Société des Établissements Gaumont) le 15 juillet 1910. Le 11 octobre 1911 le Gaumont-Palace ouvre ses portes
    avec 3 400 places. À la demande de Léon Gaumont, dix-neuf ans plus tard l'architecte Henri Belloc édifie en onze
    mois (1930-1931) dans un style Art-Déco le plus grand cinéma du monde (6 000 places), doté d'un vaste plateau
    scénique pour présentations d'attractions, avec deux balcons construits comme de véritables ponts de près de 45
    mètres de portée sans aucun poteau de soutien, et un plafond acoustique ondulé pour faciliter la propagation du
    son. La profondeur définitive de la salle est ramenée à 55 mètres. Pour atteindre l'écran les images doivent
    parcourir 63 mètres. Il est en outre doté d'un cadre de scène de 22 mètres sur 15 (330 m2) occulté par un
    rideau à la française de velours rouge devant un écran transonore géant de 10,66 mètres sur 8 pour les premières
    parties ( composées des actualités : « Gaumont - La Revue Du Monde » et d'un court-métrage documentaire ),
    s'agrandissant à 18 mètres sur 14,36 soit près de 170 m26 (250 000 fois la surface de l'image sur la bobine),
    pour la projection du « grand film » de format 35 mm, selon le rapport standard de l'époque (1,33:1), et avec
    l'arrivée du cinéma parlant (1,37:1), qui reste la norme internationale (académique) jusqu'en 1953. Cette année-là
    est développé le ratio dit panoramique (1,66:1), au photogramme plus étroit en hauteur sur le film, mais qui en s'équipant d'objectifs à focales légèrement moins longues permet de projeter sur une plus grande largeur.

    Bien qu'entièrement sonorisée en 1931, un orgue Christie acheté trois ans plus tôt demeura avec l'Orchestre
    Gaumont, fort d'une trentaine de musiciens placés sous la direction de Paul Fosse, afin de jouer quelques «
    classiques » pendant les entractes et d'accompagner les attractions scéniques6. La cabine, 26 mètres de long sur
    4 de large, édifiée au sommet du deuxième balcon est composée de projecteurs Radion (deux en service et deux de secours), ainsi que de lanternes à effets lumineux Brockliss pour suivre les revues présentées sur scène. Trop
    élevée par rapport à l'écran, son angle de plongée de 12° posait un léger problème de déformation de l'image en
    forme de trapèze. Après la Seconde Guerre mondiale, le Gaumont-Palace ne compte plus « que » 4 670 places.

    En 1953, le cadre de scène est élargi à 24 mètres (portée maximale pour la poutre du fronton), afin que soit
    monté un écran de 22 mètres de base sur 13 et demi, notamment pour les films CinémaScope, toujours en 35 mm. Les copies circulent sur des chronos manufacturés par la firme, et estampillés du fameux « G » entouré d'une
    marguerite, en hommage à la mère du fondateur de l'entreprise, Marguerite Dupanloup, épouse Gaumont. Cette rénovation est confiée au cabinet d'architecture Georges Peynet qui en revoit entièrement la décoration en tenant compte des notions modernes d'acoustique pour ce volume de 60 000 m3. Le plafond ondulé est conservé pour la propagation du son, mais les murs sont tendus de feutre rose et gris atténuant les réverbérations parasites. Un
    éclairage indirect coloré court sur trois niveaux horizontaux le long de la salle soulignant les bordures des balcons sans que rien ne vienne rompre ce rythme : « sensation de longues vagues qui se succèdent et se superposent jusqu'au lointain, sans une rupture, sans un angle... »

    Sale pleine du Gaumont Palace 1941 

    Elle possède alors des fauteuils spécifiques « Gaumont » réalisés par l'entreprise Gallay, couverts de velours rouge
    à dossiers courbes entourés par un rutilant tube chromé. À l'entracte on peut se rendre au salon de thé, au bar,
    au foyer, ainsi que dans les galeries promenoirs. La façade à trois pans qui culmine à 50 mètres un temps décorée
    par une fontaine lumineuse colorée, est remise en valeur par des tubes fluorescents soulignant les énormes
    enseignes lumineuses « GAUMONT PALACE » de 3 mètres de haut. Le vaste hall surplombé par une haute rotonde
    est revêtu d'un parement en granit noir et rose encadré de parois jaunes; il s'ouvre directement sur le Parterre,
    tandis qu'un double escalier aux rampes en métal chromé donne accès aux foyers, à la Mezzanine, et au Balcon.
    Cinéma populaire, il présente toujours des attractions sur sa vaste scène mais s'essouffle au début des années
    1960 avec l'apparition des films plus intimistes style Nouvelle Vague.

    L'été 1959 voit l'installation de deux projecteurs Philips DP 35/70 avec lampes à décharge au xénon pour des films
    de format 70 mm avec six pistes sonores magnétiques, comme Salomon et la Reine de Saba, Ben-Hur ou Les
    Souliers de saint Pierre, sur un écran aux proportions 2,20:1 (les dimensions passent alors à 23 mètres de large
    sur 13,40 de haut) Chaque ratio étant encadré par des bordures mobiles de velours noir se déplaçant
    horizontalement et verticalement sur rails. La publicité annonce : « La hauteur d'un immeuble de 4 étages sur 23
    mètres de façade ». 

     

    Gaumont Palace style art déco

     

     Cinérama

    Entre 1962 et 1967, l'immense vaisseau transformé en Cinérama, avec la participation active de Jacques Thénard, se voit équipé d'un écran courbe (selon un angle de 146 °), d'une base de 38,60 mètres sur une hauteur de 15
    mètres (surface : 579 m2) constitué de plus de 4 000 bandes de plastique blanc micro-perforé afin de laisser
    traverser le son des haut-parleurs. Monté devant l'ancienne scène, il est dissimulé pendant les entractes par un majestueux rideau à la française de couleur dorée. Trois cabines synchronisées construites séparément en arc de cercle au niveau du premier balcon y projettent en faisceaux croisés les trois images parallèles du gigantesque procédé, avec des appareils Century JJ-1 et National Ventarc 160A perpendiculaires à l'écran, et donc sans déformation optique. Des films comme La Conquête de l'Ouest y sont programmés. Ben-Hur (MGM Camera 65), est projeté de la cabine du centre avec une copie au format 70 mm. Dans ce dernier cas la base de l'écran est
    réduite à 30 mètres pour respecter le ratio (2,20:1) imposé par les deux pistes magnétiques encadrant les
    photogrammes entre les perforations, les quatre autres étant situées aux bordures extérieures du film. En 1963,
    la société Cinérama exige que soit fermé au public le deuxième balcon, pour le confort des spectateurs. Le
    Gaumont-Palace ne possède alors plus « que » 1 850 places au Parterre et 550 à la Mezzanine.

     

    Gaumont Palace Paris

     

     Fermeture

    Le contrat avec Cinérama prenant fin en 1967, la salle peut reprendre peu après son aspect d'origine.
    Malheureusement le public n'est plus au rendez-vous, la projection et l'acoustique étant jugées d'une qualité très
    moyenne en raison de l'énorme volume du bâtiment, par comparaison avec les salles édifiées au cours de la
    décennie. Un projet d'immeuble et de cinéma pour un nouveau Gaumont Palace est commandé à l'architecte Georges Peynet en 1970, une maquette est alors réalisée mais il ne fut jamais concrétisé. La société Gaumont se voit
    contrainte de vendre terrain et immeuble en 1972 à des promoteurs qui entament sa démolition début 1973. Les
    lieux sont vidés dans la précipitation, affaires et archives laissées au regard des passants sur les trottoirs. Le
    dernier film à y être projeté est Les Cowboys de Mark Rydell avec John Wayne. Ainsi disparait le plus grand
    cinéma d'Europe. L'argent de cette vente permet cependant à Gaumont d'engager la réalisation d'une vaste
    restructuration et rénovation de son parc de salles dans toute la France, notamment l'Olympia et le Club à
    Bordeaux, le Gaumont-Palace à Grenoble, le Familia à Lille, le Tivoli et le Royal à Lyon, le Français à Marseille,
    l'Empire à Nancy, le Casino, le Paris-Palace et le Rialto à Nice, l'Empire, l'Alhambra et l'AC'Cin à Reims,
    l'Alhambra à Saint-Étienne, le Gaumont-Palace à Toulon et le Gaumont-Palace à Toulouse.

     

    Gaumont Palace Paris

     

     Orgue du Gaumont-Palace.

    Le Gaumont Palace possédait avant la Première Guerre mondiale un orchestre d'une trentaine de musiciens, et de
    grandes orgues d'église Cavaillé-Coll qui accompagnaient la projection de certains films. On peut penser qu'il
    s'agissait d'un instrument provenant d'une congrégation dissoute à la suite de la loi de 1905 sur la séparation de
    l'Église et de l'État.

    Vers 1920 ces instruments bénéficièrent du développement de l'électricité, tout d'abord pour le remplacement des
    soufflets par des ventilateurs, puis pour assurer la liaison entre les claviers et les tubulures. Le britannique
    Hope-Jones fut à l'origine du concept "unit organ", où une réduction du nombre de tuyaux remplit les fonctions d'un
    plus grand nombre, grâce aux emprunts et aux dédoublements d'octaves des jeux originels qui font la spécificité des timbres et des bruitages de l'instrument de cinéma.

    En 1932, cet orgue qui joue avec l'orchestre avant les projections, le parlant étant en plein essor, est remplacé
    par un grand orgue de marque Christie (IV/14) construit par le facteur anglais d'orgues Hill, Norman and Beard
    limited qui est donc entièrement électrique. Quand la console en forme de fer à cheval, surgissant de la fosse
    d'orchestre grâce à des vérins hydrauliques, apparait sur scène, on ne soupçonne pas qu'elle commande plus de 1
    500 tuyaux en étain, zinc et bois, disposés sur toute la largeur du plateau à 25 mètres au-dessus de la scène,
    alimentés par une soufflerie équipée de deux fortes turbines. Cet instrument à dédoublement de jeux compte 14
    rangs initiaux pouvant se démultiplier en près d'une centaine. La console ne compte pas moins de 175 registres
    différents équipés de 2 500 électro-aimants. En mettant bout à bout tous les fils électriques utilisés, on
    arriverait à un longueur totale de 50 kilomètres. Il reste le plus grand orgue de cinéma importé en France. De
    nombreuses personnes âgées se souviennent encore de ce meuble en palissandre verni, orné pendant un temps
    d'étoiles argentées.

    Le Gaumont Palace était probablement le seul cinéma français dont les soli d'orgue et les accompagnements
    d'attractions se sont poursuivis bien au-delà de la Seconde Guerre mondiale. Il demeura longtemps le témoin de
    cette époque révolue, pour la plus grande joie des curieux et amateurs du temps passé.

    Vanté comme étant l'un des plus grands du monde, il ne soutient cependant pas la comparaison avec les instruments installés aux États-Unis ou même en Grande-Bretagne souvent trois ou quatre fois plus importants que lui. L'organiste dont le nom reste attaché à l'instrument est Tommy Desserre, qui fut également titulaire de l'orgue
    de chœur de la basilique de Montmartre. Un microsillon souvenir 33 tours 30 centimètres intitulé 30 ans d'orgue au
    Gaumont-Palace est édité en 1972 aux éditions Stil Discothèque. L'instrument, bénéficiant d'un classement
    Monuments historiques en 1977 afin qu'il ne quitte pas la France, a été déplacé au pavillon Baltard de Nogent-
    sur-Marne. Deux autres orgues de cinéma, Wurlitzer, existaient dans les cinémas Madeleine (opus 1394) et
    Paramount-Opéra (opus 1642) ; l'un fut installé à Longhborough en Angleterre, l'autre détruit.

     

     

    Gaumont Palace 1914

     

    Dans la culture

    Ce cinéma est évoqué au 72e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens. Une séquence du film Les Quatre Cents Coups de François Truffaut, montre la famille Doinel s'y rendant pour resserrer ses liens.
    On voit aussi très bien la salle (vide), l'orgue (en action) et les cintres dans une séquence de poursuite du film La Fête à Henriette de Julien Duvivier (1952).

     

     

     

    Ref : Wikipédia

     

     

     

     

     

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