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    La blaxploitation est un courant culturel et social propre au cinéma américain des années 1970 qui a revalorisé l'image des Afro-Américains en les présentant dans des rôles dignes et de premier plan et non plus seulement dans des rôles secondaires et de faire-valoir. Le mot est la contraction, sous forme de mot-valise, des mots « Black » (qui signifie Noir) et « exploitation ». On parle parfois de blaxplotation, autre contraction issue de « Black » et de « plot » (le sujet d'un film).

     

    La blaxploitation

     

    Définition

    Ces films n'engageaient que des Noirs et ne s'adressaient qu'à la même communauté sur des thèmes qui lui tenait à cœur en utilisant tous les stéréotypes possibles. Tous les genres cinématographiques à la mode durant les années 1970 ont été mis à la sauce blaxploitation. Que ce soient les films policiers (trilogie des Shaft) ou les enquêtes par des détectives privés (Shaft, les nuits rouges de Harlem), le cinéma d'horreur (Blacula, le vampire noir, Abby), les arts martiaux (Black Belt Jones de Robert Clouse), le péplum (The Arena de Steve Carver), le western (Boss Nigger), l'espionnage (Cleopatra Jones de Jack Starrett), le film politique engagé (The Spook Who Sat by the Door d'Ivan Dixon), le comique (Uptown Saturday Night). Ces films étaient très appréciés par la communauté noire car ils montraient des acteurs afro-américains dans des situations d'hommes fiers et libres de leurs choix de vie. Des personnages noirs qui résistent aux Blancs, qui leur répondent. Dans beaucoup de films le personnage noir est associé au bien et le blanc au mal. Alors que les films Hollywoodiens des années 1930, 1940 ou 1950 montraient les Noirs seulement dans des rôles de danseurs de cabaret, serveurs, bandits ou esclaves. On peut ajouter que les films de la blaxploitation cherchaient à donner une image de la vie quotidienne des Afroaméricains. Ainsi que leurs aspirations, la vieille femme noire au début du film servant les riches Blancs, puis l'inverse à la fin. Lorsque le personnage est un homme, dans beaucoup de films comme Black Ceasar, la mère tient une place importante dans la vie du personnage, en raison d'un problème persistant hérité de l'esclavage dans les quartiers noirs dans les années 1970 : beaucoup de pères abandonnaient l'enfant à leur mère. On peut dire que les films de la blaxploitation reflètent les aspirations des Noirs aux droits civiques, à leurs difficultés quotidiennes. Mais aussi à ce qu'ils vivaient dans les années 1970. La prostitution, la drogue, la corruption, le racisme de la part des policiers, les viols... tout cela est abordé dans les films de la blaxploitation.

    La blaxploitation

    Le premier film, Sweet Sweetback's Baadasssss Song, a été tourné en 1971 par Melvin Van Peebles. Ce film « 100 % noir » rapportera plus de 15 millions de dollars, un chiffre remarquable pour une production indépendante d'un budget de 150 000 dollars. La même année sort Shaft, les nuits rouges de Harlem, cette fois-ci produit par un grand studio mais toujours réalisé par un noir, Gordon Parks (photographe et journaliste). Shaft sera un succès planétaire grâce en partie à la musique originale du film d'Isaac Hayes.

    Une grande majorité des films de blaxploitation étaient de qualité plutôt médiocres, souvent violents et remplis de clichés et préjugés. Ils parlaient de prostituées, de dealers, de tueurs dans le ghetto. Tous ces stéréotypes sont aujourd'hui repris dans le gangsta rap, Snoop Dog a été fortement influencé par Rudy Ray Moore.

    Chaque film était l'occasion de fournir une bande originale de grande qualité. Tous les grands musiciens noirs des années 1970 ont exercé leurs talents ; la liste est longue et non exhaustive : James Brown (Black Caesar), Curtis Mayfield (Superfly, Short eyes), Isaac Hayes (Les Nuits rouges de Harlem, Truck Turner & Cie, Les Durs), Johnny Pate (Brother on the Run, Bucktown), Marvin gaye (Trouble Man), Norman Whitfield (Car Wash), Edwin Starr (Hell Up in Harlem), Roy Ayers (Coffy la panthère noire de Harlem), J.J. Johnson (Cleopatra Jones), Willie Hutch (Le Mac), Herbie Hancock (The Spook Who Sat by the Door) et Barry White (Together Brothers)…

    Certains de ces films étaient parfois réalisés par des Blancs (Larry Cohen pour Black Caesar) et beaucoup étaient produits par des Blancs, ce qui poussa des associations afro-américaines à les rejeter. Par la surproduction, le public finit par se lasser et à la fin des années 1970, le genre tomba en désuétude.

    Quelques icônes du cinéma de blaxploitation sont à signaler comme Pam Grier (vue dans Jackie Brown), Jim Kelly (vu dans Opération Dragon, de Bruce Lee), Rudy Ray Moore et Fred Williamson.

    Le genre a eu une grande influence sur certains réalisateurs contemporains. Ainsi, Quentin Tarantino lui a rendu maintes fois hommage dans ses films, principalement dans Jackie Brown mais aussi dans Kill Bill vol 1 par l'usage de la musique du film Truck Turner & Cie et quelques clins d'œil appuyés.

    En 2009, le film Black Dynamite parodie les films de blaxploitation.

     

    La blaxploitation

     

    Exemples de films de blaxploitation

    1964 : The Cool World de Shirley Clarke
    1966 : The Black Klansman de Ted V. Mikels
    1970 : Le Casse de l'oncle Tom (Cotton Comes to Harlem) d'Ossie Davis
    1970 : On n'achète pas le silence (The Liberation of L.B. Jones) de William Wyler
    1971 : The Big Doll House de Jack Hill
    1971 : Black Love d'Herschell Gordon Lewis
    1971 : Les Nuits rouges de Harlem (Shaft) de Gordon Parks
    1971 : Sweet Sweetback's Baadasssss Song de Melvin Van Peebles
    1972 : Across 110th Street de Barry Shear
    1972 : Black Girl d'Ossie Davis
    1972 : Blackenstein de William A. Levey
    1972 : Blacula
    1972 : Come Back, Charleston Blue de Mark Warren
    1972 : Cool Breeze de Barry Pollack
    1972 : The Final Comedown de Oscar Williams
    1972 : Hammer de Bruce Clark
    1972 : Hitman le créole de Harlem de George Armitage
    1972 : The Legend of Nigger Charley de Martin Goldman
    1972 : Melinda d'Hugh A. Robertson
    1972 : Les Nouveaux Exploits de Shaft (Shaft's Big Score!) de Gordon Parks
    1972 : Slaughter de Jack Starrett
    1972 : Space Is the Place de John Coney (avec Sun Ra)
    1972 : Superfly de Gordon Parks Jr.
    1972 : The Thing with Two Heads de Lee Frost
    1972 : Top of the Heap de Christopher St. John
    1972 : Trick Baby de Larry Yust
    1972 : Trouble Man d'Ivan Dixon
    1973 : Black Caesar de Larry Cohen
    1973 : Black Mama, White Mama d'Eddie Romero
    1973 : Black Snake de Russ Meyer
    1973 : Cleopatra Jones de Jack Starrett
    1973 : Ganja & Hess de Bill Gunn
    1973 : Coffy la panthère noire de Harlem
    1973 : Detroit 9000
    1973 : Foxy Brown de Jack Hill (avec Pam Grier)
    1973 : Gordon's War d'Ossie Davis
    1973 : Hell Up in Harlem de Larry Cohen
    1973 : Le Mac (The Mack) de Michael Campus (avec Richard Pryor)
    1973 : Savage! de Cirio H. Santiago
    1973 : Scream Blacula Scream de Bob Kelljan
    1973 : Shaft contre les trafiquants d'hommes (Shaft in Africa) de John Guillermin
    1973 : L'Exécuteur noir (Slaughter's Big Rip-Off) de Gordon Douglas
    1973 : The Soul of Nigger Charley de Larry Spangler
    1973 : The Spook Who Sat by the Door d'Ivan Dixon
    1973 : Super Fly T.N.T. de Ron O'Neal
    1974 : Abby de William Girdler
    1974 : The Arena de Steve Carver
    1974 : Bamboo Gods and Iron Men de César Gallardo
    1974 : Black Belt Jones de Robert Clouse
    1974 : The Black Godfather de John Evans
    1974 : Black Samson de Charles Bail
    1974 : The Black Six de Matt Cimber
    1974 : Dynamite Brothers d'Al Adamson
    1974 : The Education of Sonny Carson de Michael Campus
    1974 : Get Christie Love! de William A. Graham
    1974 : The House on Skull Mountain de Ron Honthaner
    1974 : Thomasine & Bushrod de Gordon Parks, Jr.
    1974 : Sugar Hill de Paul Maslansky
    1974 : T.N.T. Jackson de Cirio H. Santiago (avec Jean Bell)
    1974 : Three the Hard Way de Gordon Parks Jr.
    1974 : Truck Turner & Cie de Jonathan Kaplan
    1974 : Uptown Saturday Night de Sidney Poitier
    1974 : Willie Dynamite de Gilbert Moses
    1974 : Quand la ville tremble (The Zebra Killer) de William Girdler

    La blaxploitation

    1975 : Aaron Loves Angela de Gordon Parks Jr.
    1975 : Black Fist de Timothy Galfas et Richard Kaye
    1975 : The Black Gestapo de Lee Frost
    1975 : Boss Nigger
    1975 : Bucktown d'Arthur Marks
    1975 : Cleopatra Jones and the Casino of Gold
    1975 : Cooley High de Michael Schultz
    1975 : Coonskin de Ralph Bakshi
    1975 : Darktown Strutters
    1975 : Dolemite de D'Urville Martin
    1975 : Friday Foster d'Arthur Marks
    1975 : Let's Do It Again de Sidney Poitier
    1975 : Mandingo de Richard Fleischer
    1975 : Sheba, Baby de William Girdler
    1975 : La Chevauchée terrible (Take a Hard Ride) d'Antonio Margheriti (avec Jim Brown)
    1975 : That's the Way of the World de Sig Shore
    1976 : Black Heat d'Al Adamson
    1976 : Black Shampoo de Greydon Clark
    1976 : Black Emanuelle, White Emanuelle de Mario Pinzauti
    1976 : Brotherhood of Death de Bill Berry
    1976 : Car Wash de Michael Schultz
    1976 : Dr. Black, Mr. Hyde de William Crain
    1976 : L'Enfer des mandigos (Drum) de Steve Carver
    1976 : Ebony, Ivory & Jade
    1976 : The Human Tornado de Cliff Roquemore
    1976 : J. D.'s Revenge d'Arthur Marks (avec Glynn Turman et Louis Gossett, Jr.)
    1976 : The Monkey Hustle d'Arthur Marks
    1976 : The Muthers de Cirio H. Santiago
    1976 : Pipe Dreams de Stephen F. Verona
    1976 : Sparkle de Sam O'Steen
    1976 : Velvet Smooth de Michael L. Fink
    1977 : Bare Knuckles de Don Edmonds
    1977 : Black Samurai d'Al Adamson
    1977 : Passion Plantation
    1977 : Petey Wheatstraw de Cliff Roquemore
    1978 : A Hero Ain't Nothin' But a Sandwich de Ralph Nelson
    1978 : Fureur aveugle (Blind Rage) d'Efren C. Piñon (avec Fred Williamson)
    1978 : Death Dimension d'Al Adamson
    1978 : The Wiz de Sidney Lumet
    1979 : Disco Godfather de J. Robert Wagoner

    La blaxploitation

    1988 : I'm Gonna Git You Sucka de Keenen Ivory Wayans
    1990 : Hammer, Slammer, & Slade (téléfilm) de Michael Schultz
    1990 : The Return of Superfly de Sig Shore
    1991 : New Jack City de Mario Van Peebles
    1992 : Gayniggers from Outer Space de Morten Lindberg
    1996 : Original Gangstas de Larry Cohen
    1997 : Steel de Kenneth Johnson
    1999 : Shaolin Dolemite de Robert Tai
    2000 : Killjoy de Craig Ross Jr.
    2001 : Bones d'Ernest R. Dickerson
    2001 : Pootie Tang de Louis C.K.
    2002 : BaadAsssss Cinema, Classified X (documentaire)
    2002 : Undercover Brother : Un agent très secret de Malcolm D. Lee
    2004 : Full Clip de Christopher Morrison
    2005 : Réussir ou mourir (Get Rich or Die Tryin) de Jim Sheridan
    2008 : Black Lightning de Nick Sanford
    2008 : Hookers In Revolt de Sean Weathers
    2009 : Black Dynamite de Scott Sanders

     

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    Comic-book

    Parallèlement à la blaxploitation au cinéma, un mouvement similaire a pu être observé dans l'univers du comic-book avec des personnages tels que :

    La Panthère Noire (Stan Lee/Jack Kirby), qui apparaît en 1966 dans Fantastic Four
    Le Faucon (dans Captain America, en 1969)
    Luke Cage (dans Luke Cage, héros à louer, en 1972)
    Black Lightning (1977, DC Comics)
    John Stewart (Green Lantern volume 2, décembre 1971)

     

     

     

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