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Par geoss le 24 Mars 2013 à 22:45
Lino Ventura de son nom vrai nom Angiolino Giuseppe Pasquale Ventura, est un acteur italien qui a vécu en France et y a réalisé l'ensemble de sa carrière cinématographique, né le 14 juillet 1919 à Parme (Italie) et décédé le 22 octobre 1987 à Saint-Cloud.
Fils d'immigrés italiens, Lino Ventura fut d'abord lutteur professionnel (il fut champion d'Europe poids moyens en 1950) avant de devenir par hasard acteur aux côtés de Jean Gabin dans Touchez pas au grisbi. D'abord habitué à des seconds rôles d'hommes de main ou de brutes, il devint une vedette dès la fin des années 50 grâce à des films comme Classe tous risques. Alternant les comédies à succès, parfois dialoguées par Michel Audiard, telles Les Tontons flingueurs, Les Barbouzes, Ne nous fâchons pas, L'Aventure c'est l'aventure ou La Gifle, et des drames et polars comme Les Grandes gueules, Le Deuxième souffle, Le Clan des Siciliens, L'Armée des ombres ou Garde à vue, il fut pendant deux décennies l'un des acteurs les plus populaires du cinéma français.
Père d'une fille handicapée, il fut le fondateur en 1966 de l'association Perce-Neige, destinée à venir en aide aux personnes handicapées mentales.
Jeunesse
Lino Ventura est le fils de Giovanni Ventura et Luisa Borrini. En 1927, il est âgé de sept ans lorsqu'il quitte l'Italie avec sa mère pour rejoindre son père parti travailler comme représentant de commerce à Paris quelques années auparavant. Mais arrivés à Paris, la mère et le fils ne reverront jamais Giovanni. Par fidélité à ses origines, il a gardé sa nationalité italienne. Lino Ventura parlait le français sans aucun accent, ayant passé l'essentiel de sa vie en France, et s'exprimait en italien avec une pointe d'accent français. Pour aider sa mère à les faire vivre, il quitte l'école et commence à travailler dès l'âge de huit ans. Il exerce successivement divers métiers : groom, mécanicien, représentant de commerce et employé de bureau.Lutteur
C'est néanmoins le sport qui l'emporte : il devient lutteur professionnel poids moyens sous le nom de Lino Borrini (qui fut plus tard, de manière erronée, considéré par certains comme son véritable nom). Il sera aussi catcheur.
En 1950, il est champion d'Europe poids moyens de lutte gréco-romaine, puis à la suite d'un accident : une grave blessure à la jambe droite au cours d'un combat contre Henri Cogan (qui deviendra également acteur), il est obligé d'arrêter. Passionné par son sport de lutte, il se reconvertit en organisateur de combats. Il est notamment un habitué de la Salle Wagram à Paris.Carrière cinématographique
En 1953, tout à fait par hasard, un de ses amis parle de lui au réalisateur Jacques Becker qui cherchait un Italien pour jouer face à Jean Gabin dans son film Touchez pas au grisbi. La rencontre se fait et Jacques Becker lui propose illico le rôle d'Angelo, un chef de gang opposé aux personnages incarnés par Jean Gabin et René Dary, que Lino refuse dans un premier temps. Par provocation, alors qu'il ne joue qu'un second rôle, il demande un cachet d'un million d'anciens francs (cachet presque équivalent à la vedette du film Jean Gabin), proposition qui est acceptée à sa grande surprise.
À la sortie de Touchez pas au grisbi, sa présence est telle que toute la profession le remarque.
Il est immédiatement adopté par le milieu du cinéma, par Jean Gabin qui devient son grand ami et par le public grâce à sa carrure, sa « gueule » et son exceptionnel naturel de comédien qui font de lui l'interprète idéal du film noir, de truand et de policier dur à cuire au grand cœur.
Sans avoir pris de cours de comédie, il passe rapidement du statut d'acteur de complément aux premiers rôles, son jeu d'acteur s'affinant. C'est le rôle du Gorille (dans Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie) en 1958 qui le lance comme vedette à part entière. Suivi de Classe Tous Risques avec Claude Sautet, en 1960, qui lui fait partager la vedette avec Jean-Paul Belmondo. Un film qui marque sa rencontre avec un auteur de la Série Noire, José Giovanni. Il devient l'un des poids lourds du cinéma hexagonal et restera à tout jamais reconnu comme l'un des meilleurs acteurs du cinéma français. Il excelle dans les rôles traditionnels de truand ou de policier vieilli, fatigué, ou de l'homme d'expérience sensible à l'amitié virile. Son jeu d'acteur, d'ailleurs assez proche de sa propre nature, s'exprime pleinement sous la direction de Jacques Deray, de Jean-Pierre Melville ou de Robert Enrico, mais aussi chez José Giovanni où Lino joue dans Les Grandes Gueules, Le Deuxième Souffle et Les Aventuriers.
Acteur fétiche de Georges Lautner, il est au casting de deux classiques du cinéma français, Les Tontons flingueurs (1963) et Les Barbouzes(1964).
En 1972, il se fait connaître à l'international pour son rôle du mafieux (Vito Genovese) dans Cosa Nostra de Terence Young avec dans le rôle du repenti Joe Valachi, joué par Charles Bronson.
Dans le film La Chèvre, il devait tenir le rôle de Campana, mais comme le rôle de François Perrin devait alors être tenu par Jacques Villeret, Lino Ventura refusa d'y jouer.
À partir des années 1980, Lino Ventura a peu tourné comme si son personnage du film de Jacques Deray, Un papillon sur l'épaule, tourné en 1978, où il joue Roland Fériaud, cet homme de tous les jours manipulé par des forces maléfiques jusqu'à sa mort brutale, sur un trottoir étranger au milieu d'une foule indifférente, avait changé sa carrière. Ce type de personnage, une victime manipulée, il l'a évoqué lors d'un entretien pour décrire son rôle d'espion à la retraite dans Espion, lève-toi, tourné en 1981: « C'est un type qui, à un moment donné, se retrouve seul, abandonné par ses amis et par ses ennemis si je puis dire parce que dans un sens, tout le monde s'arrange sur son dos (...), ce sont des situations que j'affectionne particulièrement ». Victime aussi le général Dalla Chiesa dans Cent jours à Palerme qui tombe sous les balles de la mafia, à laquelle il avait osé s'attaquer.
Sur la fin de sa carrière, Lino ne choisit ses rôles qu'en fonction d'un critère qu'il résume lui-même : « J'aime ou j'aime pas ! ». Ses plus beaux rôles, il les a trouvé dans Garde à vue de Claude Miller en 1981, où il interprète l'inspecteur Gallien qui interroge un notable (Michel Serrault) présumé coupable d'assassinat, et surtout dans Les Misérables de Robert Hossein, sorti en 1982, où il incarne un Jean Valjean à la hauteur de ses prédécesseurs, Harry Baur et Jean Gabin.Rôles manqués
Au sujet du choix de ses rôles, il déclare : « Quand on me parle d'un personnage à interpréter et d'une façon immédiate si je peux le faire, si ça me convient ou si ça ne va pas ». À cause de cela, il refuse un rôle dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, le rôle tenu par François Truffaut dans Rencontre du troisième type de Steven Spielberg, et pour un remake de Le salaire de la peur appelé Le convoi de la peur (Wages of Fear) de William Friedkin.Décès
Il décède le 22 octobre 1987 à Saint-Cloud, d'une crise cardiaque à l'âge de 68 ans, après 34 ans de carrière cinématographique et 75 films. Il repose au cimetière du Val-Saint-Germain dans l'Essonne.Vie privée
Le 8 janvier 1942, il épouse Odette Lecomte, son amour de jeunesse, qu'il avait rencontrée en 1935 dans la banque où il travaillait. Ils auront quatre enfants : Mylène (1946-1998, morte dans un accident d'avion) épouse de Claude Lasserre, fils de René Lasserre (1912-2006), Laurent en 1950, Linda en 1958 et Clelia en 1961 (auteur et scénariste).
Linda présente un retard mental car elle est trisomique ; découvrant le manque de structures d'aide et d’accueil pour les enfants handicapés, Lino et Odette créent en 1966 l'association humanitaire Perce-Neige à Saint-Cloud, où il vivait, avec pour vocation « l'aide à l'enfance inadaptée » en apportant son aide aux associations existantes travaillant dans le domaine du handicap et en sensibilisant les pouvoirs publics aux besoins des enfants handicapés et de leurs familles.
L’année 1975 marque la première victoire de l’association avec la publication de la Loi d'orientation en faveur des personnes handicapées et de la Loi no 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales.
En 1976, son association Perce-Neige est reconnue d'utilité publique. Six ans plus tard, la première Maison Perce-Neige ouvre ses portes à Sèvres (Hauts-de-Seine). Malgré la disparition de Lino Ventura, Perce-Neige poursuit sa mission et a participé à la création de près de 40 établissements en France.
Sa fille Clelia a écrit plusieurs ouvrages sur son père.Filmographie
Cinéma
1954 : Touchez pas au grisbi de Jacques Becker : Angelo, le chef de la bande rivale
1955 : Razzia sur la chnouf de Henri Decoin : Roger, Le Catalan
1956 : La Loi des rues de Ralph Habib : Mario
1956 : Crime et Châtiment de Georges Lampin : Le patron du bistrot
1957 : Le Feu aux poudres de Henri Decoin : L'inspecteur Legentil
1957 : Action immédiate de Maurice Labro : Bérès
1957 : Trois Jours à vivre de Gilles Grangier : Lino Ferrari, l'accusé à tort
1957 : Le rouge est mis de Gilles Grangier : Pépito, le truand au couteau
1957 : L'Étrange Monsieur Steve de Raymond Bailly : Denis
1957 : Maigret tend un piège de Jean Delannoy : L'inspecteur Torrence
1958 : Ces dames préfèrent le mambo de Bernard Borderie : Paulo
1958 : Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle : Le commissaire Cherrier
1958 : Montparnasse 19 de Jacques Becker : Morel
1958 : Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie : Géo Paquet, dit "Le Gorille", agent de la D.S.T
1958 : Sursis pour un vivant de Víctor Merenda : Borcher
1959 : Douze heures d'horloge de Geza Radvanyi : Fourbieux
1959 : Marie-Octobre de Julien Duvivier : Carlo Bernardi
1959 : 125, rue Montmartre de Gilles Grangier : Pascal, le vendeur de journaux
1959 : Un témoin dans la ville de Edouard Molinaro : Ancelin; l'assassin poursuivi
1959 : Le Chemin des écoliers de Michel Boisrond : Tiercelin, le restaurateur collaborateur
1959 : Le fauve est lâché de Maurice Labro : Paul Lamiani
1960 : Classe tous risques de Claude Sautet : Abel Davos
1960 : Les Mystères d'Angkor de William Dieterle : Biamonte
1961 : Un taxi pour Tobrouk de Denys de La Patellière : Théo Dumas
1961 : La Fille dans la vitrine de Luciano Emmer : Federico
1961 : Le Roi des truands de Duilio Coletti : Le truand
1961 : Le Bateau d'Émile de Denys de La Patellière: Emile Bouet, pêcheur
1961 : Les Lions sont lâchés de Henri Verneuil : Le Docteur Challenberg
1961 : Le Jugement dernier de Vittorio de Sica : Le père
1962 : Le Diable et les Dix Commandements de Julien Duvivier : Garigny, le proxénète
1962 : Les Petits Matins de Jacqueline Audry : Le chauffeur de bus
1962 : L'Opéra de quat'sous de Wolfgang Staudte : Tiger Brown
1963 : Les Tontons flingueurs de Georges Lautner : Fernand Naudin
1963 : Cent mille dollars au soleil de Henri Verneuil : Hervé Marec
1963 : Carmen 63 de Carmine Gallone : Vincenzo
1964 : Les Bandits (Llanto por un bandito) de Carlos Saura : El Lutos
1964 : Les Barbouzes de Georges Lautner : Francis Lagneau, un barbouze
1964 : Le Monocle rit jaune de Georges Lautner : Le client d'Elie (caméo)
1965 : L'Arme à gauche de Claude Sautet : Jacques Cournot
1965 : Les Grandes Gueules de Robert Enrico : Laurent, un repris de justice libéré
1965 : La Métamorphose des cloportes de Pierre Granier-Deferre : Alphonse
1966 : Avec la peau des autres de Jacques Deray : Pascal Fabre
1966 : Ne nous fâchons pas de Georges Lautner : Antoine Beretto
1966 : Le Deuxième Souffle de Jean-Pierre Melville : Gustave Minda, dit "Gu"
1967 : Les Aventuriers de Robert Enrico : Roland
1968 : Le Rapace de José Giovanni : Le Rital
1969 : Le Clan des Siciliens de Henri Verneuil : L'inspecteur Le Goff
1969 : L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville : Philippe Gerbier
1970 : Dernier domicile connu de José Giovanni : L'inspecteur Marceau Léonetti
1971 : Fantasia chez les ploucs de Gérard Pirès : Sagamore Noonan
1971 : Boulevard du rhum de Robert Enrico : Cornelius
1972 : Cosa Nostra de Terence Young : Vito Genovese
1972 : Le Silencieux de Claude Pinoteau : Clément Tibère
1972 : La Raison du plus fou de Raymond Devos et François Reichenbach : Le motard
1972 : L'aventure c'est l'aventure de Claude Lelouch : Lino Massaro
1973 : La Bonne Année de Claude Lelouch : Simon
1973 : Far West de Jacques Brel : Le prisonnier
1973 : L'Emmerdeur de Edouard Molinaro : Milan, le tueur professionnel
1974 : Les Durs (Uomini Duri) de Duccio Tessari : Le Père Charlie
1974 : La Gifle de Claude Pinoteau : Jean
1975 : Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre : Le Commissaire Verjeat
1975 : La Cage de Pierre Granier-Deferre : Julien
1976 : Cadavres exquis (Cadaveri Eccellenti) de Francesco Rosi : L'Inspecteur Amerigo Rogas
1978 : Un papillon sur l'épaule de Jacques Deray : Roland Fériaud
1978 : La Grande Menace (The Medusa Touch) de Jack Gold : L'Inspecteur Brunel
1978 : L'Homme en colère de Claude Pinoteau : Romain Dupré
1980 : Les Séducteurs de Edouard Molinaro : François Quérole
1981 : Garde à vue de Claude Miller : L'inspecteur Antoine Gallien
1981 : Espion, lève-toi de Yves Boisset : Sébastien Grenier
1982 : Les Misérables de Robert Hossein : Jean Valjean, l'ancien forçat
1983 : Cent Jours à Palerme (Cento Giorni a Palermo) de Giuseppe Ferrara : Le général Carlo Dalla Chiesa
1983 : Le Ruffian de José Giovanni : Aldo Sévenac
1984 : La Septième Cible de Claude Pinoteau : Bastien Grimaldy
1987 : La Rumba de Roger Hanin : Le caïd du milieu (non crédité)
1987 : Maledetto ferragosto (Film inachevé)
1987 : La Jonque (Film inachevé)Hommage
En 2003, la ville de Parme lui rend hommage en donnant son nom au centre du cinéma de la commune : Centro cinema del Comune di Parma.
Œuvre humanitaire
1966 : fondateur de l'association humanitaire « d'aide à l'enfance inadaptée » Perce-Neige.
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